J'ai longuement hésité à écrire cet article... et aussi à le publier. Mais, je me sens un peu la dépositaire de cette histoire familiale. Je la connais par ce qu'on m'en a raconté. Je la connais aussi au travers des papiers retrouvés chez ma grand-mère et ma mère. Je souhaite rendre hommage à ceux qui l'ont "vécu"... et qui ne sont plus là pour la raconter.
Monument "mémoire" Boulazac, près de Périgueux
Hommage à un homme que je n'ai pas connu, mon grand-père maternel, mort il y a 70 ans aujourd'hui, le 12 août 1944, à Périgueux. Fusillé par les soldats allemands qui ont sacrifié tous leurs prisonniers avant de prendre la fuite.
Hommage aussi à ma grand-mère maternelle, sa femme. Digne, sans haine ni rancune, mais avec le devoir de mémoire chevillé au corps. Dès que j'ai eu l'age de comprendre elle m'a raconté l'histoire de mon grand père. Et dès que nous avons été assez grand, mon frère et moi, elle nous a amenés à Périgueux à l'endroit où il a été fusillé... Je m'en souviens encore. Toutes les semaines (sauf quand elle était en voyage) elle est allée fleurir la tombe de mon grand père. Mais elle n'était pas triste, non ! Elle me disait souvent "Profite, petite, profite tant que tu peux, tu ne sais pas combien de temps ça durera"
Je me suis toujours demandée ce que j'aurais fait, moi, à leur place ! La réponse, je l'ai trouvée dans la chanson "Né en 17 à Leindenstadt" de Jean-Jacques Goldman :
"On saura jamais c'qu'on a vraiment dans nos ventres
Caché derrière nos apparences
L'âme d'un brave ou d'un complice ou d'un bourreau?
Ou le pire ou le plus beau ?
Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau
S'il fallait plus que des mots ?
Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt
Sur les ruines d'un champ de bataille
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Si j'avais été allemand ?
Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps
D'avoir à choisir un camp"
J'ai des frissons à chaque fois que j'entends cette chanson. Si ça vous dit de frisonner avec moi, vous pouvez cliquer ICI :