Il y a aujourd'hui 10 ans, le 21 septembre 2001, à 10H17, l'usine d'AZF à Toulouse explosait. Si on a beaucoup parlé dernièrement du 10ème anniversaire des attentats du 11 septembre, on parle moins de ce 10ème anniversaire là. Même si les conséquences pour le monde ont été moins importantes, pour les Toulousains, c'est autre chose...
Je souhaite aujourd'hui, à cette minute, m'associer à toutes les victimes de cette catastrophe. Mes proches et moi avons eu la chance de ne pas être touchés par l'explosion... certains ne sont plus là, d'autres souffrent encore aujourd'hui dans leur chair ou dans leur âme, d'autres encore ont perdu leur maison...
Si chacun se souvient ce qu'il faisait le 11 septembre 2001, chaque Toulousain se souvient aussi de ce qu'il faisait le 21 septembre 2001.
C'était un vendredi, veille de week-end, j'étais au boulot (à plus de 5km du site). Soudain, un bruit sourd, un tremblement et les dalles du faux plafond qui de soulèvent. L'impression qu'une explosion s'est produite à côté... Stupéfaction, on regarde aux fenêtres, rien... Et là, le réflexe, appeler ses proches : mon mari a aussi entendu, il pense que c'est à côté de son bureau, ma mère, qui habite dans Toulouse, me dit ça doit être une explosion en ville il y a des vitre cassées... 10 jours après le 11 septembre, on pense à un attentat... Un collègue nous appelle, il était en réunion hors de nos murs, dans une salle au 4ème étage (à 2km du site), les vitres ont volées en éclats, une personne est légèrement blessée, c'est AZF qui a explosé, il y a une fumée jaune qui s'élève dans le ciel... Lorsque le vent vient du sud-est, les fumées d'AZF sont poussées vers la zone où j'habite, où mes enfants sont à l'école... J'appelle l'école... ça sonne occupé... j'insiste jusqu'à avoir quelqu'un qui me rassure : les enfants sont confinés à l'intérieur, ils vont bien, il ne faut pas venir les chercher, on leur donnera à manger à midi... Je rappelle mon mari pour lui donner des nouvelles et décider de ce qu'on fait... Le réseau de portable est complètement saturé, très difficile de se joindre... 1 appel sur 20 passe, les texto marchent mieux... On ne sait pas ce qu'il s'est passé, on craint ces gaz qui s'échappent, on craint une autre explosion... Je pense qu'on ressent aussi le besoin d'être ensemble... On décide de quitter le boulot, de se retrouver à la maison pour aller chercher les enfants et quitter Toulouse le plus rapidement... Sur la route vers la maison, des embouteillages monstre... Du jamais vu ! tout le monde a du avoir la même idée ! Mais, les gens sont étonnamment calmes, pas d'énervement ou de klaxonne (très étrange quand on connais le tempérament de feu des Toulousains où "même les mémés aiment la castagne" comme disait Claude Nougaro !). Nous arrivons à la maison, nous mangeons un petit morceau, allons chercher nos enfants à l'école et partons par des petites routes de campagne car la rocade est bloquée par les autorités. Direction la Dordogne, chez la maman de mon mari, pour un week-end improvisé...
Petite halte pour goûter sur la route dans un village paisible de Tarn-et-Garonne (à Montaigu-de-Quercy pour ceux qui connaissent). Le contrast est énorme et j'ai eu l'impression bizarre que ce qu'on vient de vivre est irréel, n'a pas vraiment existé... Il s'est passé 6 h depuis l'explosion... destabilisant.